La défense européenne ne doit pas concurrencer l’Otan
Paris, France, 03/29/2004 | press release
Avec son armée de 6 400 soldats (surtout d’infanterie) et quelque 18 000 réservistes, la contribution militaire de la Slovénie à l’Otan sera limitée. Elle ne dispose pas d’avions de chasse, car ses Mig sont restés aux mains de l’armée fédérale yougoslave, donc des Serbes, lors de l’indépendance, en 1991. A partir d’aujourd’hui, c’est l’Italie qui protégera son espace aérien. Mais, en échange, Ljubljana offre à l’Alliance sa connaissance des Balkans. En visite officielle à Paris récemment, le président slovene, Janez Drnov¹ek, dont le pays rentrera également, le 1er mai, dans l’Union européenne, a accordé un entretien au Figaro. Par Stéphane KOVACS
LE FIGARO: Vous allez entrer dans l’Otan. Vous sentez-vous plus en phase avec la vision franco-allemande ou la vision anglo-saxonne de l’Europe de la défense?
Janez DRNOV©EK: Nous ne voulons pas d’une Europe divisée : on essaie au contraire de faire se concilier ces différents concepts. Pour nous, la défense européenne est importante; il faut la développer, mais pas en concurrence avec l’Otan.
LE FIGARO: Les travaux sur la Constitution européenne semblent toujours bloqués. Quelles sont les attentes slovenes?
Janez DRNOV©EK: La présidence irlandaise fait tout ce qu’elle peut pour trouver une solution. La situation va évoluer en Espagne. J’espere qu’on ira vite et que l’on aboutira sous présidence néerlandaise. Pour nous, toutes les propositions de la Convention sont acceptables. Nous voulons simplement que chaque pays ait son commissaire.
LE FIGARO: Comment réagissez-vous aux restrictions imposées par les Quinze aux ressortissants des pays de l’Est, concernant l’acces à l’emploi ou aux aides sociales?
Janez DRNOV©EK: C’est tres mal accepté en Slovénie, car on n’en voit pas les raisons ! La Slovénie importe de la main-d’oeuvre, elle n’en exporte pas. Et nous ne sommes pas nombreux. La libre circulation des personnes était l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne. Nous-mêmes avons accepté d’autres principes difficiles, comme celui de la libre circulation des capitaux. Nous, gouvernement, discutons actuellement de mesures de réciprocité. Mais ce ne serait pas une solution!
LE FIGARO: Où en est votre différend frontalier avec la Croatie?
Il y a deux ans, alors que j’étais premier ministre, on est parvenu à un accord sur le tracé des frontieres, qui n’avait jamais été fixé. Mais les Croates ont arrêté la procédure. On va voir ce que l’on peut faire avec le nouveau gouvernement croate. En attendant, cela ne nous empêche pas d’appuyer leur candidature à l’UE.
LE FIGARO: Vous vous positionnez en "modele pour les Balkans". Avez-vous une idée précise de ce que doit faire l’UE dans cette région?
Janez DRNOV©EK: Il faut maintenir une perspective européenne pour les Balkans. Car, s’ils n’ont pas de perspectives, les hommes politiques ne seront pas motivés pour combattre le nationalisme. En ce qui concerne la Serbie, j’espere que le gouvernement Kostunica reprendra les nécessaires réformes économiques et qu’il s’appuiera non pas sur les nationalistes, mais sur les démocrates.
La défense européenne ne doit pas concurrencer l’Otan - LE FIGARO - 29.03.04 (pdf)