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LE MOND DANS LEQUEL NOUS VIVONS ËVOLUE D'UNE VITESSE INOUIË
Allocution du President de la Republique de Slovenie Milan Kucan

Brdo pri Kranju, 19 January 2000

Foto: BOBO

Excellences, distingués hôtes, mesdames et messieurs, chers amis de la Slovénie,

Le monde dans lequel nous vivons ëvolue d’une vitesse inouië. Et au milieu de ces changements, notre rencontre traditionnelle qui marque le début de la nouvelle année, demeure une constante modeste, mais précieuse, une occasion privilégiée de conversations entre les gens à qui tiennent à coeur le bon développement des relations entre Etats et à l’intérieur de la communauté internationale. Je vous salue chaleureusement et vous souhaite de passer quelques moments agréables au sein de notre cercle commun d’amis.

Chacun de nous et chacun à sa manière avons nous célebré le départ du siècle précédent et l’arrivée du siècle nouveau. Je suis convaincu qu’à la fin de ce dernier nous avons tous porté un regard vers le passé aussi: vers l’éclatement des empires après la Première guerre mondiale et la montée des nouveaux Etat-nations; vers la catastrophe de la Seconde guerre mondiale, l’éclatement des empires coloniaux et l’éloignement des décisions d’importance mondiale de l’Europe; vers la fin du monde bi-polaire, vers l’unification de l’Europe; vers la mondialisation de l’économie et de la technologie d’information, vers des pas plus décidés visant à établir une prééminence universelle des droits de l’homme et leur sauvegarde lorsque ceux-ci sont systématiquement et massivement violées. C’étaient des pas fermes vers le nouveux monde du 21e siècle.

La concurrence dans ce monde pluraliste est en plein essor, des idées et des connaissances nouvelles naissent tous les jours, l’efficacité et la qualité de la vie ont changé. Or, les principes éthiques communs du monde post-moderne s’arrêtent toujours devant les frontières des Etats et nationales. Hier en Croatie, Bosnie et Herzegovine, en Timor Oriental, hier et aujourd’hui au Kosovo, où dans le soif de vengence pour toutes les souffrances, seulement les victimes changent, aujourd’hui en Tchétchénie, hier et aujourd’hui aussi au Tibet. Et à qui le tour demain, peut-être au Monténegro, qui sait. Tel est ce monde qui reste incapable de tailler le destin à la mesure des êtres humains et de leur collectivités, à la mesure de tous, petits ou grands, forts our faibles. Les tristes expériences du monde d’hier, mais aussi de celui d’aujourd’hui, exigent une redéfinition fondamentale des normes juridiques et morales de la communauté internationale. L’être humain vaut plus que tout idée ou frontière d’Etat, même celle de Shengen; voilà ce qui devrait figurer dans nos nouvelles règles communes et c’est ainsi que nous devrions agir. Ceci devrait figurer au coeur même des nouvelles relations internationales, définies aussi dans des actes juridiques internationaux.

C’est dans ce monde que la Slovénie s’assure sa place. Lorsqu’en faisant le bilan de fin d’année, nous négligeons avec bienveillance les étourderies et les erreurs, le bon résultat est d’autant plus visible; il est apprécié aussi par l‘opinion publique slovène qui exprime sa satisfaction des conditions sociales et la conviction que la Slovénie mène une bonne politique étrangère. Les négotiations pour l’adhésion de plein droit à l’Union Européenne se déroulent bien. La Slovénie a soumis toutes les positions de négotiation et réunira les conditions recquises probablement même avant que l’Europe ne soit prête à accueillir les nouveaux Etats membres. Or, le temps n’est pas ici un facteur décisif. Il est décisif cependant en ce qui concerne les efforts de la Slovénie d’adopter les normes européennes pour son bien; pour la vie de ses citoyens. Il ne reste pas beaucoup à faire, en tout cas, une réforme fondamentale de l’administration publique. Or, une période exigeante s’approche, où il faudra transposer intégralement et de manière conséquente ces normes dans la vie et vivre en conformité avec elles. Dans les pays en transition, vivre en conformité selon les nouvelles règles pourrait s’avérer l’épreuve de la maturité la plus difficile pour l’entrée dans l’Union européenne. La Slovénie franchira ce seuil aussi, mais elle n’est pas prête à accepter toute demande qui néglige le fait que pendant la Seconde guerre mondiale la Slovénie avait été occupée et découpée par les Etats de l’axe nazi-fasciste qui perpétraient le génocide parmi les Slovènes jusqu’à ce qu’il ne soit arrêté par l’insurrection et la résistence populaires générales. Nous exigeons la pleine application des traités et résolutions d’après guerre sur la base desquels le monde démocratique a réparé les injustices commises par la terreur nazi et fasciste.Que je le dise en peu de mots: les priorités extérieures qui émanent bien sûr des besoins et constatations intérieures demeurent inchangées. De bonnes relations de voisinnage, l’adhésion à l’UE, à l’OTAN, à l’OCDE, des relations de haut niveau et un dialogue avec les pays les plus importants, la coopération avec toutes les organisations internationales et régionales sont des constantes qui définissent la politique étrangère slovène et le contenu de sa diplomatie.

D’après l’avis des autres aussi la Slovénie a bien passé l’épreuve au Conseil de Securité des Nations Unies. En sa qualité de membre non-permenent et en dépit de ses expériences internationales relativement modestes elle a apporté une contribution efficace aux décisions de l’ONU concernant les foyers de crise internationaux. Elle souhaite coopérer avec les Etats membres de l’UE et les autres Etats européens au dessin de la maison européenne commune. Elle sera active dans le cadre des initiatives des l’Europe centrale parce que c’est son habitat historiquement déterminé. Elle s’est penchée davantage sur les problèmes au sud-est étant consciente que les Balkans aussi font partie de l’Europe. Pour ces raisons, elle participe activement au Pacte de stabilité qui avec toute la responsabilité de la communauté internationale et des pays des Balkans occidentaux en particulier est censé d’apporter la paix, la coexistence et le développement à l’Europe du Sud-Est.

Toutefois, l’expérience relativement brève dans la dynamique vie internationale et dans les régions de crise a été si condensée qu’il est possible aujourd’hui de mentionner devant cette auguste et distinguée assemblée certaines de nos initiatives qui pourraient s’avérer utiles pour la paix et le bien-être de la communauté internationale. Dans ce monde de plus en plus interdépendant, les petits Etats cherchent des réponses à certains questions ouvertes pour trouver leur place dans ce monde en évolution et pour pouvoir y participer de manière active et sur un pied d’égalité. Il ne s’agit pas de contrarier les grands; il s’agit de la quête de notre rôle dans une société avec eux. Par conséquent, une reflexion commune dans ce sens des petits pays européens contribuerait à une coexistence encore plus constructrice dans une communauté internationale moderne et efficace. Il ne serait pas moins utile de voir une reflexion commune des plus grandes églises sur leur responsabilité pour la paix dans le monde qui se fait voir à l’horizon, car leur rôle dans la coexistance des civilisations, surtout là où elles se joignent, est plus grand qu’il ne soit perçu aujourd’hui. Ceci est vrai surtout pour les Balkans où l’oecumenisme chrétien et la coexistence avec les musulmans aurait pu contribuer de manière décisive à bâtir des relations différentes entre les nationas, les religions, les civilisations. Le cas des Balkans nécessite sans doute aussi la reflexion commune de la communauté internationale sur l’histoire de cette zone malheureuse, sur les conséquences tragiques des cartes politiques dessinées toujours par les vainqueurs des guerres incessantes dans ce coins du continent européen. C’est la voie la plus sûre permettant d’établir un diagnostique plus complet et ensuite une thérapie qui ne cherchera plus les causes de toute les cruautés envers ceux qui sont différents, dans des défets génétiques imaginés des nations balkaniques ou qui ne fera que réagir à la situation du moment, mais qui trouvera des mesures efficaces à long terme de la communauté internationale, et ainsi aussi des nations balkaniques et de leurs Etats

En tant qu’amis et spécialistes vous savez que la Slovénie a de bonnes relations avec les pays voisins. Les questions ouvertes qui restent, appartiennent à l’héritage du passé de la dissoute Yougoslavie, ou elles sont, souvent sans aucun fondement, construites sur ce passé pour usage d’aujourdh’hui. Il n’y en a que peu qui émanent des relations actuelles. Le respect mutuel des intérêts d’Etat et les changements démocratiques dans notre environnement contribueront certainement à une résolution positive de ces questions.

La Slovénie est ouverte vers le monde et dans ce cadre vers l’orientation européenne en particulier. Elle l’est aussi parce que, ces exportations atteignant la moitié de son PIB, elle est un des Etats en Europe qui sont les plus orientés vers les exportations. Les lois du marché sont pleinement établies et un tiers des entreprises concurrencent à un pied d’égalité à l’echelle mondiale. Dans l’économie mondiale la stratégie slovène insiste sur les investissements dans les technologies de pointe et le savoir. Pour cette raison la Slovénie a entamé la réforme du système scolaire et devient de plus en plus ouverte aux investissements étrangers directs envers lesquels elle était plutôt réservée. Elle continue à puiser la volonté et la force pour un nouvel élan de développement dont elle a si besoin, des espoirs et attentes exprimés par son peuple au plébiscite. Les législatives de cette année, j’en suis convaincu, apporteront une nouvelle volonté politique pour que l’Etat puisse accomplir tout ce qu’il doit pour devenir un Etat à succès, cohérent et stable, partenaire égal à tous les autres Etats de l’Europe et de la communauté internationale toute entière.

Honorable Monsieur le Doyen, Honorables Messieurs les ambassadeurs, vous avez été et vous restez avec nous pour le meilleur et pour le moins bien. Au cours de l’année écoulée aussi, notre coopération a été utile pour la Slovénie et je vous en remercie, tout en exprimant le souhait que dans l’avenir nos relations avec les Etats et les organisations internationales que vous représentez chez nous évoluent aussi bien.

Qu’il me soit permis de lever mon verre tout d’abord à ce souhait, et à la paix dans le monde, au bien-être de vos Etats, à vous et à vos familles; à vos collaborateurs. Et à vous tous je souhaite que vous vous sentiez parmis nous comme chez vous.


 

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